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écriture guidée numéro 2: Le château de l'écureuil.

Diversité de textes ayant pour titre: Le château de l'écureuil.


Pour rappel les mots étaient ordinateur, t-shirt et Transylvanie.



Merci aux participants d'y avoir consacré du temps et de l'énergie.





texte numéro 1:


Avait-il jamais été aussi heureux que ce soir-là ? Sans doute, mais cela faisait si

longtemps que Gaëtan n’en gardait aucun souvenir. De déboires en mésaventures,

d’échecs en désillusions la vie de ce « Chief Executive Officer » d’une entreprise

internationale de Photomaton avait connu depuis cinq ans une lente mais certaine

descente aux enfers.


Des mois à trainer, sale, sous les ponts, à partager la tambouille avec des toxicos,

des clodos aussi démunis que lui .A oublier, petit à petit le stress de son ancienne

vie : celle rythmée par un métronome fou : métro (ou ordinateur les jours de

télétravail), boulot, dodo.


Mais là, depuis une semaine, Gaëtan avait trouvé un job de commis dans une petite

imprimerie. Il avait loué cette chambre sous les combles, y avait installé sur l’unique

étagère un réchaud à gaz, un paquet de café, un livre et ses deux T-shirts fétiches.

« La vie de château » pensa Gaëtan en s’étirant.


Installé devant la lucarne, il avait observé longuement les habitants du quartier

rentrant chez eux sous une fine pluie automnale. Il se sentait au chaud, à l’abri, tel

un écureuil de Transylvanie ayant terminé ses provisions pour l’hiver.

Gaëtan s’allongea sur le matelas et sourit : demain il téléphonerait à Clara.




texte numéro 2:


« Où en étais-je… ah oui, à cet après-midi ensoleillé, jour de l’exécution de mon plan : Transylvanie.


Pourquoi ce nom me diriez-vous ? Je ne m’en rappelle plus exactement. Peut-être était-ce dû au climat chaotique du jour où j’en avais eu l’idée ou plus probablement était-ce lié à l’objet principal de ma mission : Sylvaine.


J’avais tout planifié dans les moindres détails. J’y avais passé plusieurs nuits sur l’ordinateur familial quand j’étais sûr que mes parents dormaient. J’y avais lu que pour conquérir le cœur d’une Sylvaine il fallait sortir les grands moyens et y aller franchement car ce sont des femmes fortes et indépendantes ayant un fort caractère.


Je m’en souviens encore bien, j’y avais lu mot pour mot : le cœur de ces dames ne sera conquis que par un valeureux chevalier moderne n’ayant pas peur de défier les lois jusqu’à celles de la physique et de l’univers.


Du haut de mon arbre fort,mot valise entre arbre et château fort, j’avais une belle vue sur sa maison blanche. Nous étions le 4 mai 1997, nous avions 11 ans. Tout allait bien se passer, j’avais mis mon plus beau t-shirt, mis le parfum de mon père et coiffé ma tignasse rousse.


Alors qu’elle se dirigeait lentement vers l’école située 100 mètres plus loin le bus fit son apparition au bout du village.


Me laissant guider par mon instinct et révisant une dernière fois mes calculs je courus jusqu’au coin de la rue avant de reprendre mon souffle et de bomber légèrement le torse juste avant que mon chemin rejoigne celui de ma dulcinée.


Je lui fis un signe de tête pour la saluer et la défia : « Si le bus nous rattrape dans exactement 18 secondes tu me donnes un bisou ? » Son air se décomposa et le mien avec. « Cela m’aurait bien plu mais Nicolas est mon amoureux depuis hier… »


C’est ce jour là que j’ai compris qu’il fallait toujours agir avant de réfléchir. »


Le membre de l’entreprise des ressources humaines chargé de l’entretien répondit : « Je vous demandais simplement pourquoi vous aviez inscrit a tendance à digresser dans la case défaut, en bas de votre CV. »




texte numéro 3:


Il n’y en avait qu’un seul, il en était certain. Il était persuadé que c’était le même qui venait tous les jours. Il avait fini par acheter des jumelles pour l’observer. Il l’attendait parfois toute la journée et n’en dormait pas de la nuit. Il se faisait un sang d’encre : il allait peut-être passer plus tôt, ou trop vite et il le manquerait. Il avait poussé le bouchon jusqu’à faire des recherches sur son ordinateur pour trouver une combine pour exterminer la bestiole. Tous les moyens seraient bons, peu importe le coût ou l’énergie. Il avait étudié son trajet des jours durant. Sans jamais découvrir d’où il venait vraiment, ni où il se rendait. La bête passait comme un navetteur passe devant chez nous. On les voit passer en excès de vitesse sans savoir d’où ils viennent ni où ils vont.


Au fil des jours, il avait élargi son champ d’observation, se levant à l’aube pour s’extraire de sa demeure et s’installer à un poste d’épiation bien placé. Enfoui dans les arbres, à l’abri du regard du vicieux animal pour observer par où il allait passer. Cependant, au bout d’un mois, il n’avait toujours pas de nouvelles informations. La bête semblait débarquer de nulle part, simplement apparaître comme par magie au milieu de sa cour. Il avait beau installer tout un régiment de pièges, l’animal se faufilait entre ces derniers, plus malin, plus rusé que son observateur ne le serait jamais. Il vivait pourtant dans un cadre idyllique, M. Lemay. Il résidait dans un magnifique château du XVIIIème, en plein milieu de la Transylvanie où seul le calme régnait. Il vivait sa petite vie, bien que solitaire, à l’abri des tourments. Du moins c’est ce qu’il croyait. Car depuis ce beau matin de mai alors qu’il s’apprêtait à retailler ses rosiers, la vie avait changé. En prenant une lampée de café, il avait cru apercevoir par sa fenêtre quelque chose passer, mais sans certitude. Il avait alors attendu, au cas où la chose repasserait. Toujours à l’affût, il s’était préparé des sandwichs pour la journée et avait campé devant sa fenêtre. Et depuis ce jour-là, Lemay attendait. Il avait laissé tomber tout le reste. Plus rien n’avait d’importance. Son château était devenu un dépotoir où vaisselle et t-shirts sales s’empilaient. Les voir ne le gênait même pas, car il était obnubilé par la chose. Il avait renoncé à une vie saine d’esprit, sans même en avoir conscience. Sa solitude l’aveuglait et l’aveuglerait probablement jusqu’à l’arrivée de l’hiver. Sauf que le vieil homme, cerné par ses nuits raccourcies et ridé de ses angoisses quotidiennes, en était devenu fou, et il en avait oublié le sommeil hivernal dans lequel les animaux se plongent.


Le rosier est mort maintenant, et le petit écureuil aussi. Et pourtant, l’homme du domaine aperçoit encore, par toutes les saisons, comme l’ombre d’une fourrure rousse courir à toute vitesse…


Peut-être que les choses auraient été différentes si Lemay n’avait jamais vu la bestiole par sa fenêtre. Peut-être qu’il aurait terminé son livre et serait devenu célèbre. Peut-être qu’en rentrant chez lui, il aurait écrasé l’écureuil par mégarde et ne se serait jamais posé de questions.


Cela semble fou de se laisser gâcher la vie par un petit rongeur, n’est-ce pas ? Pourtant l’histoire n’est pas si folle, et elle est même plus fréquente que ce que l’on se plait à croire.



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